Handi-Média: Le sport à la télévision est incontournable mais qu'en est-il du handisport?
Pensez-vous que les grands événements handisports sont suffisamment visibles dans les médias ? La réponse, unanime, est sans conteste « Non », même si les chaînes ont accordé davantage d'audience à ces sportifs de haut-niveau à la faveur de l'engouement sans précédent lors des Jeux paralympiques de Londres en 2012. Depuis, la mayonnaise est un peu, beaucoup, retombée et les handi-performances ne mobilisent guère la grande presse.
Mais s'il parait évident d'en appeler à la responsabilité des journalistes que penser de celle du public qui, il faut l'avouer, ne semble pas vraiment au rendez-vous ? Interrogé en 2013 alors qu'il est le seul journaliste de télévision française à couvrir les Championnats du monde d'athlétisme handisport à Lyon, Patrick Montel constate : « On veut voir du handisport mais notre direct sur France 4 a recueilli à peine plus de 100 000 téléspectateurs. Un match de foot à la même heure sur cette antenne, c'est huit fois plus ! (…) Il est manifeste que l'opinion publique ne répond toujours pas aux attentes du handisport. » Le journaliste dit avoir pourtant retrouvé « la même émotion et la même excellence » que sur les compétitions valides, « avec, en plus, des histoires humaines très fortes. » Et de poursuivre : « Mais il ne faut pas raisonner à court terme, les grandes causes demandent du temps et de l'engagement. Ce fut, par exemple, le cas pour le foot féminin il y a quelques années. On considérait que c'était ringard mais, aujourd'hui, il a enfin percé. J'espère qu'il en sera de même pour le handisport… » C'est, plus globalement, l'objectif du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) qui publie chaque année son « baromètre de la diversité » et a signé, en 2014, une charte pour favoriser la formation et l'insertion professionnelles des personnes handicapées dans le secteur audiovisuel.
« En 2013, le handicap ne concerne que 0,4% des personnes » à l'antenne, alors qu'il concernerait, en France, « près de 15% de la population totale ». Devant cette tendance et l'argument des diffuseurs selon lequel « le handicap n'est pas télégénique » », une charte a été signée en février 2014 avec les télévisions, les radios, les écoles et les centres de formation aux métiers de l'audiovisuel afin de « constituer des viviers de professionnels à disposition des médias », en favorisant la formation des personnes avec handicap dans le secteur .
Elle entend, ainsi, mettre fin au « scandale » de leur invisibilité à la télé.
Sources:
www.insee.fr/
www.handisport.org/